[Chambre 401] Ad astra.

Une silhouette colossale franchit le seuil de la salle, d'un pas lourd, presque sadique. L'individu, longue dague affutée à la main, s'approchait impassiblement d'Azurya, qui était fermement retenue par des liens en acier sur une longue chaise, aussi inconfortable soit-elle. Pendant quelques instants, la technologue tenta de se débattre, mais les anneaux en métal étaient beaucoup trop résistants pour fléchir sous la faible force d'Azurya. L'inconnu, qui s'avérait être un imposant Krogan, esquissa un léger rictus dans le coin de sa joue laissant transparaître son désir de voir la scientifique indépendante souffrir devant lui. Quelques rires glaciaux se faufilèrent également à travers les lèvres inexistantes, ou du moins invisibles, du reptile. En oyant ces ricanements, Azurya ne put s'empêcher de frémir d'effroi quelques instants. Elle ne savait pas où elle était, ni même ce qu'elle faisait à cet endroit. Et en plus, un mal de tête inégalable avait envahi son cerveau, douleur qui se précipitait rapidement dans chacun de ses membres. Le Krogan cheminait toujours vers son otage, armé de son poignard maculé de croûtes sanguines sèches.

Azurya se mit à hurler, hurler de toutes ses forces en espérant qu'un bon samaritain l'entende. Faux espoirs, étant donné les murs de béton et le bandeau qui l'empêchait de laisser échapper que ce soit le moindre soupir. Le reptile, faisant vibrer le sol à chacun de ses pas, se trouvait maintenant qu'à quelques mètres de son otage, qui bougeait encore dans tous les sens dans l'espérance de défaire les liens, ce qui fit rire le Krogan de plus belle. Sans plus attendre, l'assaillant à l'interminable lame arriva enfin aux côtés d'Azurya et se mit à flatter son arme, comme pour éterniser le moment qui s'avérait être déjà être interminable pour la scientifique indépendante. Profitant du calme soudain d'Azurya, le colosse reptile approcha promptement son arme dans le torse de la technologue. Un hurlement féminin, des rires glaciaux, des sanglots, puis plus rien. Néant.

- Salut Azu'.

La scientifique autonome ouvrit ses yeux, de sursaut. Cette fois-ci, elle n'était pas étendue sur une longue chaise, mais bien dans le confort de son lit dans un chambre de Nos Astra. En constatant que ce qu'elle venait de vivre n'était qu'un pur cauchemar, un soupir de soulagement ne put être empêché. Toute cette histoire à Parnassus l'avait beaucoup affectée, physiquement comme mentalement. D'ailleurs, les mauvais rêves faisaient partie des effets secondaires du traumatisme qu'elle avait vécu lors du sauvetage de sa sœur. Alors qu'elle se retournait pour voir qui l'avait interloquée quelques secondes plus tôt, elle distingua la présence de l'armure que Samus lui avait donnée lors de la mission, et viscéralement, elle se mit à sourire. Ah Samus! Cette Quarienne génétiquement modifiée avait tellement apporté à Azurya... des bons côtés, comme des mauvais!

C'était Zephira qui avait salué la technologue. Azurya, toujours hanté par une colère incroyable envers sa sœur, ne répondit même pas à l'appel et engouffra sa tête au fond de ses couvertes, ignorant ainsi Zephira. Cette dernière, exaspérée par le comportement immature de la scientifique, s'approcha de celle-ci et commença à lui masser le dos, comme pour la réconforter. L'ex-membre d'Éclipse se mit à supplier son interlocutrice de lui pardonner ses erreurs, mais Azurya ne semblait pas vouloir coopérer aujourd'hui. Elle aurait préféré ne pas parler avec sa sœur aujourd'hui, d'autant plus que le cauchemar qu'elle venait de vivre l'avait légèrement perturbée. Dessous ses épais draps, Azurya fit un demi-tour sur elle-même et tourna le dos à Zephira.

- Allez Azu', sois un peu mature. Lève-toi.

Azurya, d'une voix enfantine, lui murmura qu'elle n'allait pas l'écouter, ou du moins plus l'écouter du tout. Elle se disait que si elle obéissait à ses ordres, elle allait probablement se retrouver au sein des Soleils Bleus à combattre contre le Conseil galactique. Exagération, peut-être? Assurément, mais les événements antérieurs avaient fortement marqué la technologue, qui retira finalement l'étoffe de sa tête, laissant paraître un doux visage teinté par la fatigue. En voyant la figure exténuée de sa sœur, Zephira ne put s'empêcher de la serrer dans ses bras. Cela la tuait de la voir dans cet état, surtout que c'était probablement de sa faute si elle était aussi épuisée. Azurya se laissa emporter par l'affection de l'ex-membre d'Éclipse et prit donc la décision de la serrer dans ses bras à son tour. Le réconfort qu'un de ses câlins lui apportait était interminable, et juste le fait d'y penser la faisait sourire comme jamais. Dans une lueur d'espoir, Zephira affirma d'un ton réconfortant et chaleureux :

- Donc, tu viens avec moi? J'ai un cadeau pour toi.

- Mouais.

Les deux Asaris se mirent à rire quelques instants, puis Azurya se décida enfin à se lever. Étant complètement dénudée, elle empoigna la première combinaison de sa valise et la revêtit aussitôt, dissimulant ainsi ce qui attirait les hommes lorsqu'elle travaillait à l'antre de Chora. Suite à quelques minutes de préparation astucieuse, toutes deux se dirigèrent vers la baie d'amarrage de Nos Astra. La technologue indépendante, ne sachant pas où elle voulait aller, bombardait Zephira de questions, mais cette dernière ne rétorqua à rien, ne se contenta que de fredonner les paroles d'une chanson. Plusieurs instants plus tard, elles parvinrent finalement au hangar, où Zephira s'arrêta brusquement. Azurya s'esclaffa :

- Quoi, tu m'as acheté un hangar! T'es trop sympathique, Zephi!

- Non, c'est pas tout à fait ça... mais j'imagine que tu vas être autant heureuse de voir le cadeau que je vais t'offrir...

L'ex-membre d'Éclipse empoigna fermement le bras d'Azurya et se dirigea vers l'un des garages privés. Alors qu'elles entraient à l'intérieur du mini-hangar, Zephira demanda à sa sœur de fermer les yeux un moment avant de lui dévoiler l'ultime surprise. Aveuglée, Azurya perdit l'équilibre quelques fois mais parvint finalement à se rendre à destination.

- Voilà, ouvre les yeux frangine!

Devant elle se dressait un vaisseau spatial, mais pas n'importe lequel. Devant elle était posé LE vaisseau spatial, celui que sa mère avait légué à Zephira juste avant de mourir dans les Secteurs de la Citadelle. Il n'était pas le plus technologique des véhicules volants, certes, mais ce triplace fonctionnait très bien et était accompagné d'une multitude d'armements et de systèmes électroniques de base. Ne pouvant pas empêcher une larme de perler sur sa joue bleutée, Azurya demanda à son interlocutrice pour quelle raison elle l'avait amenée jusqu'ici, et Zephira de répondre.

- Je t'offre le vaisseau. Tu en auras plus besoin que moi. J'ai déniché un emploi sur Illium, et je n'en aurai plus besoin. Je suis certain que maman voulait également te le donner, mais tu étais beaucoup trop jeune à cette époque.. J'espère que tu me pardonneras pour mes erreurs.

Azurya ne dit rien et se contenta que de la serrer à nouveau dans ses bras. Elle la serrait tellement fort qu'elle pouvait sentir l'organisme digestif de Zephira vibrer. Bien entendu, attaqué par une montée d'émotions, la technologue autonome éclata en sanglots. Des larmes de joie, néanmoins. Elle relâcha finalement sa sœur et la toisa durant quelques instants. Azurya, d'une voix brisée par la joie, s'exclama :

- Allez, tu viens me montrer comment piloter cet engin?

Les deux sœurs de sang se dirigèrent vers l'entrée du vaisseau, main dans la main.

» [validé] Ad Astra.