Demoiselle en danger ( ?)

Hell tendit le passeport falsifié à l’agent du SSC.

"Tout à l’air en ordre… Rappelez-moi votre nom ?"

"Maryl Ahatkins, pourquoi ?" répondit Hell d’un ton détaché.

"Simple vérification monsieur, bon séjour à la citadelle."

Hell s’éloigna du point de control, un sourire en coin. A chaque fois qu’il avait utilisé cette identité, hommage à la femme qui avait remplacé sa mère, tous les agents tombait dans le panneau.

*A croire qu’il n’engage que des imbéciles au SSC…*

Le message qu’il avait reçu il y a 3 jours disait qu’une jeune fille pâle aux cheveux blancs était recherché par un trafiquant d’arme qui voulait la tuer. Ce trafiquant d’arme, Ult, avait installé sa petite affaire en plein cœur de la citadelle. Le système vérolé des bas quartiers lui permettait ainsi d’exercer en toute impunité.
Hell se moquait bien qu’un Krogan, ou n’importe qui d’ailleurs, fasse sa petite vie illégal aux portes du conseil, mais si ce Krogan en voulait à sa sœur… Il le découperait morceau par morceau jusqu’à l’entendre s’excuser d’exister.

*J’aurais dut mieux me préparer…*

Suivant son tempérament impulsif, il s’était fait engager, l’heure qui suivit la réception du message, entant que docker pour un vaisseau marchand Volus. Ainsi il se retrouvait dans la citadelle, cerné par des agents du SSC qui avait un mandat d’arrêt contre lui pour diverse motif. Bien entendu, il n’avait pas son flingue, il avait seulement réussi à dissimuler son couteau. Et pour couronner le tout, il n’avait pas eu le temps de se préparer un contact pour le guider.
C’est ainsi qu’il entra dans la Citadelle, ne sachant où aller, mais bien déterminer à sauver sa petite sœur.

Pour la énième fois, le Volus expliqua, entre deux inspirations, qu’il ne trouvait plus son justificatif, et qu’il l’avait probablement égaré, mais qu’il était attendu. Et pour la énième fois, Heaven lui refusa l’accès à la salle qu’il convoitait. C’était une simple petite mission de gardiennage qu’on lui avait confié avec pour ordre de ne laisser personne n’ayant pas d’autorisation écrite.

« Pas de laissé-passé, pas d’accès. »

« Mais, ksshhhh ! » s’insurgea le Volus.

« Pas de laissé-passé : pas – d’accès. Veuillez circuler et revenir avec un laissé-passé. »

Maugréant, le Volus lui répondit deux ou trois réflexions sur la race humaine qui laissa la jeune femme de marbre. Les ordres, c’était les ordres, et on n’allait pas contre les ordres. C’était la règle. Elle garda donc cette pièce durant tout le temps où on la réquisitionna, et quand enfin la réunion prit fin, on la fit disposer. Voilà qui était fait.
Heaven était entièrement soumise au SSC, et à la volonté du Conseil, ce qui en faisait un élément de choix, qui ne bronchait jamais et qui exécutait toute sorte de tâche, même les plus ingrates. Y compris celle de faire un rapport sur les entrants et sortants, au point de contrôle. Elle s’y rendit donc, par routine, et demanda un rapport, afin d’établir une liste de personnages malintentionnés de la journée :

« Bonjour, Lieutenant. RAS, pour l’instant, y’a bien ce Krogan qui s’est montré peu conciliant, mais il a fini par retrouver ses papiers. Bon, Thomas a le nez explosé, mais, héhé, on lui avait bien dit de ne pas jouer à la terreur avec lui, mais c’est plus fort que lui, héhé, c’est le métier qui rentre, comme on dit ! »

Face au silence de la jeune femme qui apparemment ignorait tout de l’humour, l’agent du SSC se racla la gorge et reprit sur un ton plus sérieux :

« Enfin, hrem. Tout va bien. Bonne journée, Lieutenant. »

Alors qu’elle tournait les talons, en actionnant son Omnitech pour formuler son rapport, elle aperçut juste le temps d’une fraction de seconde un homme à la morphologie familière. Son cœur sembla battre de nouveau, pour la première fois depuis plusieurs années. Une hallucination ? Non. Une intuition ? Probablement.
Elle suivit la direction empruntée par cet homme qu’elle pensait avoir reconnu. Mais une fois dans le halle, elle le perdit de vue.
Sur ses gardes, Heaven sentit dans ses veines qu’il s’agissait bien de lui.
Il était là, ça ne faisait aucun doute. Et peut-être l’avait-il déjà repérée.
Pianotant sur son Omnitech, qu’elle éteignit ensuite, Heaven se rendit lentement aux secteurs, certaine d’être pistable et surtout, d’être pistée …
Une fois seule et à l’écart de la population, Heaven se retourna pour faire face à celui dont elle soupçonnait la présence, en dégainant son Carnifex :

« Quelles sont tes intentions ? »

Helliot continua tout droit, puis en voulant tourner à gauche, il l’a vit.
Heaven était en poste devant une pièce, en train de se disputer avec un Volus.

*C’est à croire que le SSC fait tout pour me faciliter la tâche !*

Il se trouva un point d’observation surélevé donnant sur le poste d’Heaven, mais le temps de l’atteindre, il vit la jeune femme s’éloigné en direction du point de contrôle.

*Grrr… A croire qu’elle le fait exprès !*

Et lorsqu’il atteignit l’angle des deux passages, Heaven était tourné vers lui. Se maudissant son manque de professionnalisme pour ce coup-ci, il se cala derrière deux Elcors, supportant leurs discutions ennuyeuses.
Heaven passa devant sans même voir son frére, et se dirigea en direction des secteurs, Hell sur les talons.

*Pas de confrontation, je la désarme, et on parle.*

Se disait-il jusqu’au moment où son champs de visions était rempli par le canon d’une arme.

" Quelles sont tes intentions ? "

" Bon, on oublie le plan A… " Dit Hell en adressant un clin d’œil à sa sœur.

Il leva les mains, son couteau dans la manche… On ne sait jamais.

" Je suis là en paix petite sœur. J’aurais espéré un câlin plutôt qu’une balle, ma cher Heaven. "

Avançant toujours en parlant, un pas après l’autre.

" Est-ce que tu connais un certain Ult ? Il… comment dire… travaille dans les secteurs. "

Quasiment coller à elle, Hell pris l’arme d'Heaven fermement d’un mouvement rapide de la main gauche, et frappa le ventre d’Heaven d’un coup sec de la paume de la main droite, espérant ainsi la désarmé.

" Désolé, petite ."

Peut-être encore sous le choc face à ce fantôme tout droit sorti de son passé, Heaven baissa maladroitement sa garde. Helliot n’était pas son frère pour rien, il savait pertinemment comment sa sœur réagirait mais surtout, ce qu’il évoquait maintenant pour elle. Et il tournait ça à son avantage, on ne pouvait pas vraiment le blâmer, après tout, on exploite ce que l’on peut pour arriver à ses fins. Mais d’ailleurs, quelles fins ? Quels tenants, quels aboutissants ? Que faisait-il ici ? Un mercenaire, un déserteur, un ennemi public … Et surtout face à elle ? Venait-il pour la tuer, pour récupérer une somme rondelette, de la part d’un pauvre gars qu’elle aurait collé en taule ? Ou pire : venait-il ici pour tenter de la corrompre ? Oui, Heaven et ses priorités …

Comment osait-il encore se prétendre son frère ? A part le code génétique, ils n’avaient plus rien en commun et Heaven l’avait renié à partir du moment où il l’avait laissé tomber, sans même la prévenir. Il aurait même pu crever qu’elle n’en aurait rien su. Et voilà qu’il se présentait à elle, fleur au fusil, réclamant même un câlin ? Avait-il subit une lobotomie ou bien se fichait-il de sa tronche sans même lui faire croire à de la condescendance ?

Entre ses mâchoires serrées, elle grogna pour toute réponse :

« Tu ne devrais pas être ici. J’ai des ordres et … »

Peut-être ne trouvait-elle pas assez de courage pour lui dire que si l’on lui ordonnait de le plomber, elle le ferait, ou bien était-ce la rancune qui lui voilait la vue, toujours était-il que Helliot ne se laissa pas démonter, et, avançant lentement, pas à pas, les mains en l’air, il lui exposa ce qui, visiblement, était la raison de sa présence. Un certain Ult, non, ce nom ne lui disait rien. Probablement une raclure qui prolifère dans les secteurs.

« Un de tes nouveaux amis, je présume. Non, ça ne me dis rien … Qu’importe ta venue, je ne peux pas te … »

Mais une douleur à l’estomac la coupa dans sa phrase, lui tirant un grognement et lui coupant légèrement la respiration. Hell venait de la désarmer, comme ça, elle, l’un des meilleurs éléments de sa ‘promotion’ ! Encore sous le choc de cet affront, elle dévisagea son aîné avec colère et étonnement.

« Désolé, petite. »

Ce fut dans une grimace qu’elle répondit :

« Vas te faire foutre, ‘Hell’ ! »

Même si l’affrontement avait tout l’air de ces vieilles querelles d’antan, où frère et sœur se crêpaient le chignon pour savoir qui aurait la télécommande, les années avaient passé, et les coups s’étaient endurcis ! Entraînée à l’art du Close Quarter Combat (ou CQC), la petite sœur répondit avec plaisir en se ruant farouchement contre son frère et en lui collant une bonne droite dans le nez, l’envoyant rebondir contre le mur. Elle ne récupéra pas son arme de poing que son frère lui avait prit, mais resta prête à répondre à ses attaques.

« Tu disparais, sans même un mot, et tu réapparais … comme ça ?
Tu as changé, Hell, mais tu n’es pas le seul. »

... Alors, qui allait avoir la télécommande, cette fois-ci ?

Hell renifla le sang qui coulait de son nez et… éclata de rire.

" Hé bé ! Sacré punch dis donc… Comme quoi, ce pantin de l’Alliance avec ses leçons de moral pour tapette n’a pas réussi à effacer ce qu’il y a dans ton sang… Dans NOTRE sang, chére, oh oui, très cher petite sœur ! "

Il lança le Caniflex d’Heaven derriere lui, le but n’étant pas de tuer Heaven mais de la proteger.
Elle méritait quand même une leçon.

" Sache une derniére chose Heaven. "

Utilisant ses pouvoirs Biotique, il envoya Heaven faire un vol plané de trois métres et la plaqua au sol pour qu’elle ne puisse plus bouger.
Cela lui déchirait le cœur de faire du mal à sa sœur, mais Hell n’avait pas le choix. C’était pour son bien qu’il faisait cela, pour la protéger qu’il venait dans l’endroit de l’univers où il avait le plus de chance d’être arrêté. Mais elle ne le comprenait pas, elle n’essayait même pas.

« Ce Ult que tu dis être un de mes amis, je suis venu le tuer. Ni le SSC, ni toi n’avez été capable d’arrêter un trafiquant d’armes opérant sous votre nez. Pire encore, tu n’a jamais entendu parler de lui. Comme quoi, le code moral et les lois si chères au cœur du Contre-Amiral Davis ne servent vraiment à rien. »

Plaquant ses deux jambes sur les bras de la jeune lieutenant, Hell alluma une cigarette, souris très sincèrement à sa sœur (Depuis combien de temps n’avait-il pas souris, à part quand il tue quelqu’un bien sûr !) et lui susurra à l’oreille.

« Je suis heureux de voir que tu es en forme Heaven, méfie-toi de Ult, reste éloigné de lui. »

Ses sourcils se froncèrent lorsqu’il osa insulter celui qui avait prit soin d’eux durant toutes ces années. Entre ses dents, elle grogna une nouvelle fois, révoltée par ce mépris qu’Hell lui portait, comme s’il avait tout oublié, comme s’il avait oublié que c’était lui, qui avait choisit cette vie.

« Comment oses-tu parler de lui ainsi ? Comment oses-tu le mépriser à ce point ?!! »

Alors qu’elle avançait de façon purement vindicative, avec la volonté de le faire taire, elle fut brutalement coupée dans son élan.
Un foutu biotique : c’était devenu un foutu biotique. Autant dire que la surprise fit son effet, elle qui attendait une attaque frontale, elle se sentit inévitablement plaquée contre le sol, après un vol plané. Helliot vint l’immobiliser au sol, à l’aide de ses jambes pour écraser ses bras, et alluma une de ces saletés de cigarettes qu’il affectionnait tant, avant de lui sourire.

« Je ne suis pas comme toi ! »

Il venait là pour tuer quelqu’un ? Quel rapport avec elle alors ? Tandis qu’il lui susurrait des mises en garde à l’oreille, quant à ce fameux Ult, Heaven profita de la proximité de la tête de son frère pour balancer brusquement son front contre le sien. Ca ne la dégagerait probablement pas de sa prise, mais au moins cela lui collerait peut-être une migraine. Le regard vindicatif, et les sourcils froncés, elle lui grogna une nouvelle fois :

« Ingrat.
Si t’es si inquiet pour moi, pourquoi tu es parti ? Pourquoi tu m’as laissée ? Tu sais ce que ça m’a fait, de découvrir du jour au lendemain que mon frère était parti sans même me prévenir ? Tu sais ce que tu as fais à Maryla ? A notre mère ?
Tu nous as fais du mal, Helliot, à chacun de nous. Comment peux-tu encore prétendre être mon frère ? »

Elle fixa l’exact reflet de ses iris d’un bleu électrique et reprit sur un ton déterminé :

« Je n’ai aucune prétention, je fais ce qu’on m’ordonne, je suis la voie pour laquelle on m’a formée.
Tu oublies à qui nous devons notre vie. »

Elle l’avait frappé, lui. Et en plus elle ne faisait vraiment aucun éffort.
Hell voyait rouge, et jamais il n’avait autant mérité ce surnom.

" Pourquoi je le méprise ? C’est moi qui ai fait souffrir notre famille ? C’est LUI qui nous à sauver la vie ? "

Se relevant, il jeta sa cigarette et sortis son couteau en le pointant vers sa sœur.
Et c’est d’une voix tremblante de rage qu’il continua.

" A quoi à servis son précieux code, sa précieuse alliance sur Mindoir ? Il t’a raconté comment il nous à trouver ? Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés sous les décombre, je te serrais contre moi pendant que tout le monde se faisait massacrer ! C’est MOI qui ai vu ces ordures tuer notre VRAI père parce qu’il refusait que sa famille, NOUS, ne soit emmener pour vivre une vie d’esclave ! "

Il regarda sa main droite, serrant son couteau, objet de l’un de ses rares plaisirs. Il pointait un couteau en direction de sa sœur, SA SŒUR ! Il abaissa la main, ferma les yeux pour empêcher les larmes de couler. Comment pouvait-elle prendre partis pour des lois aussi stupides qu’inutile.

" Je n’étais venu que pour une chose… Pour te voir, te protéger parce que je t’aime, autant qu’un frère peut aimer sa sœur ! Mais non content de me pourrir la vie, il m’a aussi volé ma sœur… Tu veux savoir pourquoi je recherche ce Ult ? "

Il recula d’un pas, pris une grande inspiration.

" Ce fameux Ult veut te tuer, je ne sais pas pourquoi mais je ne le laisserais pas faire, je ne laisserais personne te faire du mal. Et peut-être bien que pour ton propre bien, je devrais abattre notre chère père adoptif, celui qui a tant fait pour nous pendant que, selon moi, je ne faisais rien… "

Il dirigea sa main gauche vers Heaven, et envoya une stase.

" La derniere fois que je suis venu, il y avait un bar dans les secteurs, la Nébuleuse d’Olidata. Je trouverais ou est ce Ult, si tu veux m’en empêcher, rejoint moi la bas ! "

En partant, il ramassa l’arme d’Heaven et le lança dans sa direction. Il devait se dépêcher, la stase ne tiendrait plus longtemps. Il se cala dans un renfoncement, et feignit de n’être qu’un ivrogne saoul à en mourir.

* Que vas-tu faire Heaven… Vas-tu prévenir le SSC ? Ou venir à la Nébuleuse…*

Hell se faisait de plus en plus menaçant, succombant comme à chaque fois à ses émotions, et même s’il s’agissait bien de son frère, Heaven ne voyait par moment qu’un dément. Une bête sauvage, c’était ce qu’elle voyait à ce moment même, tandis qu’il pointait sa lame vers elle. Il la menaçait ? Jamais Helliot n’avait levé la main sur elle, jamais il ne s’était montré brutal avec elle, avant ce jour sinistre où tout bascula. Leur échange de coups semblait démolir toute l’affection qui pouvait lui rester pour lui. La douleur superficielle n’avait rien à voir avec celle qui, autrefois, avait creusé un trou béant dans sa poitrine.
Helliot avait été traumatisé par ce massacre sur leur planète d’origine, et sûrement que la trop grande jeunesse de Heaven au moment des faits avait préservé son esprit intact. Elle n’avait aucun souvenir de Mindoir, sinon ce que Hell et ses parents adoptifs lui avaient raconté, ou bien ce qu’elle avait pu lire, dans les archives. Elle avait du chagrin, pour ses parents biologiques, certes, mais elle ne pouvait pas ressentir les mêmes choses que son frère qui lui, assez âgé pour comprendre, avait perdu foi dans toute l’humanité. Le petit Helliot était probablement mort, en ce jour sinistre où il ne vit que la mort et la terreur se répandre dans sa ville natale. Quel enfant peut garder un esprit sain après un spectacle pareil ? Personne.
Helliot avait grandi prématurément, et ses cauchemars le consumaient nuit après nuit.
Heaven comprenait sa douleur. Ou du moins, elle compatissait.
Mais jamais elle ne pourrait cautionner la violence dont il faisait preuve depuis.

« Pè …
Alexander n’est pas responsable, le SSC n’est pas responsable. Les seuls responsables, ce sont ceux qui ont fait ces abominations. Que comptes-tu y faire ? Les massacrer jusqu’aux derniers ? Et qu’est-ce que ça t’apportera ?
Tu le dis toi-même, nos parents se sont sacrifiés pour nous offrir une chance de vivre. Après eux, ce sont Alexander et Maryla qui nous ont offert cette chance.
Tu préfères la gâcher en guerroyant et en risquant ta peau … ? Et au nom de quoi ? »

Dans un soupire, à peine perceptible, Heaven ajouta :

« On aurait pu être heureux … Si tu n’avais pas tout gâché … »

Il voulait la voir, la protéger ? Il l’aimait ? Ult lui en voulait ? Etonnant, que quelqu’un puisse lui en vouloir personnellement, après tout, elle n’était pas d’une si grande importance. Si cet individu voulait la faire supprimer, alors c’était qu’elle avait contrecarré ses plans, probablement en interférant dans une histoire de trafic, ou autres activités illicites. Et quoi alors, elle pouvait bien se défendre seule, même si, au fond de son cœur, elle était touchée par l’entêtement de son frère qui voulait absolument la protéger. Mais ce petit pincement au cœur disparu immédiatement lorsqu’il évoqua la possibilité de supprimer leur père adoptif. D’un ton glacial et menaçant, ayant le mérite d’être clair sur ses intentions, Heaven lui llança un avertissement :

« Si tu touches à Alexander, je te jure de te tuer de mes mains, ‘’très cher frère’’.
Il n’a pas cessé d’être un père pour moi, quand toi tu as cessé d’être mon frère.»

Mais une menace plus éloquente pour Helliot aurait probablement été celle de se suicider, lui qui voulait absolument la protéger …
Tandis qu’il s’écartait, la laissant se relever, il lui lança une stase ce qui la paralysa, l’espace d’un instant, juste assez pour lui donner l’occasion de filer.

«La dernière fois que je suis venu, il y avait un bar dans les secteurs, la Nébuleuse d’Olidata. Je trouverai où est ce Ult, si tu veux m’en empêcher, rejoins-moi la bas ! »

Il lui balança son arme et s’en alla juste à temps.

« C’est ça : fuir, c’est tout ce que tu sais faire ! »

Quand elle retomba au sol, elle récupéra son Carnifex en jurant, alluma son Omnitech, prête à transmettre son rapport, puis hésita longuement. Ca ne concernait personne d’autre qu’elle et lui.
Elle jura une nouvelle fois, éteignit son Omnitech et après hésitation, prit le chemin pour la Nébuleuse …

Les mots de sa sœur étaient douloureux à son cœur, mais Hell la suivit tout de même. Des années à vivre dans l’ombre lui permirent de ne pas se faire repérer.
A quoi bon se demander pourquoi elle réagissait comme ça, Hell savait qu’il était le seul à ne pas se voiler la face, IL avait raison. Il savait une chose encore… Elle ne le comprendrait pas, du moins pas tant qu’elle sera sous l’influence de se vieux croulant de Davis.
La Nébuleuse d’Olidata était en vue, il resta quelque instant encore à observer Heaven se faire recaler par le videur.

" On accepte ni les flics, ni les militaires ici m’mselle, pas la peine d’insister ! " lui disait le videur Thuriens à l’entrée.

Hell parti de son côter en souriant, cela devrait la retarder assez longtemps.
Il pris donc une ruelle passant par le côter droit de l’établissement, là ou il y avait une porte de service.

" C’est moi… Hell. " dit-il à l’intercom et la porte s’ouvrit sur un corridor menant à une réserve.

Il fût escorter par deux Thuriens jusqu’à la salle, et ainsi il se dirigea vers le bar.

" Il me faut un flingue, des informations et un Big Bang. " dit-il au barman qui le regarda comme si il était sorti d’un trou noir.

" Euh… Pour le Big Bang, ça marche. Pour le reste, je ne suis pas sur que le patron v… " et il se fit ejecter par un Krogan, massif pour sa race.

Le Krogan regarda Hell avec un sourire (Enfin ce qui ressemble le plus à un sourire pour un Krogan !) et lui tendis un paquet.

" Tiens Hell, qu’est-ce que tu veux comme info ? "

" Ult, tu connais ? Je veux sa peau ! "

« Je dois entrer. »

Une nouvelle fois, le Turien refusa, et eut l’audace de lui répondre comme s’il ne s’agissait que d’un simple civil. Pas la peine d’insister, pas vrai ? D’ordinaire très patiente de nature, Heaven sentit néanmoins que l’avenir du Turien ne tenait plus qu’à un fil … Après un long silence et un regard des plus intenses, elle dégaina son Carnifex qu’elle lui colla entre les deux yeux.

« Je dois entrer. »

Elle avait l’air d’un disque rayé qui répétait obstinément la même chose, sur le même ton, et le videur sembla s’inquiéter un peu. On voyait peu d’agents du SSC aussi vindicatifs, et pragmatiques, bien sûr, ça existait, mais c’était toujours un choc de se retrouver face à un canon. Heaven montra son impatience en faisant mine d’approcher un peu plus son canon ce qui eut pour effet de faire flancher le videur.

« Ok, ok, c’est bon, mais ne vous faites pas remarquer, si mon patron l’apprend, j’vais m’faire tuer, vous savez … »

Heaven cessa de le prendre en joue et répondit :

« Je comprends. Vous pourrez décliner toute responsabilité. »

Le Turien sembla vaguement se demander où elle voulait en venir, mais déjà se prenait-il un bon coup de crosse, le faisant tomber dans les vapes pour une poignée de secondes voire de minutes. Au moins ne serait-il pas tenu responsable par son patron.
Heaven rangea son arme dans le holster approprié et pénétra dans le fameux bar où elle devait retrouver son frère. Diable, dans quoi s’était-elle embarquée ? Elle devait l’arrêter, mais au fond ne voulait pas avertir le SSC. Elle ne voulait plus le voir, mais savoir qu’il pouvait de nouveau disparaître la rendait tout aussi mal, voire plus. Et savoir qu’il allait une nouvelle fois se salir les mains ne pouvait que la faire agir. Il avait déjà suffisamment de problèmes comme ça.
On se retourna parfois sur son passage, surtout lorsque l’on devinait son uniforme, mais Heaven se fraya facilement son chemin. Après un tour d’horizon, elle devina rapidement la présence de son frère grâce à sa chevelure particulière, qu’ils avaient tous les deux en commun. Une chevelure blanche, immaculée, et parfaitement naturelle. Il était accoudé au bar et s’entretenait avec un krogan. Tandis qu’elle s’approchait à grand pas, deux Turiens (ceux qui avaient escorté Hell un peu plus tôt) lui barrèrent la route. Sans plus attendre, elle joua des épaules pour se frayer un chemin et agrippa l’épaule de son frère pour qu’il lui fasse de nouveau face.

« Helliot … Je ne peux pas te laisser faire ça. »

Troublés, le barman et les deux Turiens ne manquèrent pas de relever les caractéristiques physiques communes du frère et de la sœur. Un lien de sang semblait plus qu’évident …

Hell, attiré par un problème éventuel, regarda la personne arriver et l’identifia aisément grâce à une touffe blanche que l’on voyait entre deux épaules.

*Ces Thuriens… Ils ne valent vraiment rien !*

Il regarda le Krogan avec un petit sourire, à croire qu’avoir revu Heaven avait réussi à lui rendre la faculté de sourire, et lui glissant :

" La sécurité laisse vraiment à désirer… "

Le Krogan, ne comprenant pas ou son « client » voulait en venir, fut encore plus étonné en voyant le sosie de Hell en féminin, AVEC UN UNIFORME DU SSC !!!
Si vous n’avez jamais vu un Krogan surpris faire les gros yeux, c’est hilarant.
Il fit des épaules pour enlever la main de sa sœur, pris le paquet sous le bras et fit signe au Thuriens, qui attrapèrent Heaven par les deux épaules pour, pas très longtemps, l’immobilisé.
Hell s’éloigna ainsi vers la sortie de derrière, d’un pas calme et assuré, et dit :

" Ma petite Heaven, il veut ta peau, donc je vais lui prendre la sienne ! "

Et, se retournant totalement, des yeux bleu plein de rage et de sang, avec une pointe de plaisir à l’idée du combat à venir, hurla :

" QUOI QUE TU EN DISE, QUOI QUE TU PENSE, PERSONNE NE S’EN PREND A MA FAMILLE ! "

Il renversa ensuite une table en travers du passage, s’élançant tel un beau diable vers l’ouverture qu’un autre videur maintenait ouverte.

" Dis au patron de ma part qu’il satisfait toujours la cliente ! "

Lâchât-il à celui-ci en passant devant lui. Et c’est du coin de l’œil qu’il vit la porte en train de se refermer.

Ce petit jeu du chat et de la souris commençait à lui courir sur le haricot. Après tout, elle aurait pu stopper ça avec un simple appel, mais au fond, elle ne pouvait pas alerter le SSC de la présence de son frère et encore moins de ce qu’il comptait faire. Et puis, elle aurait perdu toute crédibilité, car certains ignoraient encore le lien qui liait la loyaliste à ce déserteur. Si on venait à l’apprendre, on pourrait probablement douter de son allégeance.
Elle devait régler ça seule, de gré, ou de force. Mais pour son bien, Hell devait disparaître au plus vite. Il venait de lui filer une nouvelle fois entre les doigts, la laissant en présence du krogan et des deux Turiens qui visiblement ne s’étaient pas encore remis du choc. Ils devaient être en train de se dire, qu’à part l’uniforme, les deux se ressemblaient à s’y méprendre … Si l’on oubliait quelques détails anatomiques.
Après un lourd silence durant lequel la jeune femme soutint le regard de l’énorme Krogan, Heaven dégaina son pistolet et le pointa sur le Krogan. Etait-elle folle ? Elle était seule dans un bar où personne ne devait porter le SSC dans son cœur, et elle en menaçait le patron ?

« Je veux les mêmes informations. »

Le Krogan, quoi qu’un peu surprit devant tant de ténacité, explosa cependant de rire.

« Vous avez une sacrée paire de couilles, je dois bien l’admettre.
Mais comme t’es la sœur d’Hell … »

Le Krogan finit par lui donner la localisation du lieu où Hell comptait se rendre. Après un bref remerciement, la jeune femme prit son frère en chasse, sautant par-dessus la table qu’il avait renversé un peu plus tôt, et priant pour qu’il ne se fasse pas attraper avant qu’elle ne le trouve. Et s’il refusait une nouvelle fois ? Que devrait-elle faire ? Jusqu’où devrait-elle aller ? Et si elle devait choisir entre sa carrière et la vie de ce crétin ? Tant de questions se bousculaient dans son crâne au point qu’elle n’entendait même plus le battement de son sang à sa tempe.
Après quelques minutes de course, elle l’aperçut, elle accéléra le pas tout en l’interpellant, et malheureusement pour lui, alors qu’il tournait la tête l’espace d’un instant pour vérifier qu’il s’agissait bien de sa sœur, il percuta un hanari qui le stoppa net dans sa course. Il s’était empêtré dans ses tentacules et se débattait comme un fauve en cage.

La scène tira, malgré elle, un rictus à Heaven, qui ne pouvait rester insensible face à la maladresse de son frère. C’était … comme au bon vieux temps.

Le Hanari était confus, et ne cessait de s’excuser en priant Hell d’arrêter de gigoter.

« On est tellement confus, on présente ses excuses. On ne vous avez pas vu, vous arriviez si vite ! Calmez-vous, ses tentacules se démêleront d’elles-mêmes … »

Heaven s’approcha, après un tour d’horizon pour être sûre de ne pas être vue, et aida le Hanari, en s’excusant, pour qu’ils puissent se relever tous les deux.

« Avant de vouloir m’aider, regarde d’abord où tu poses les pieds, Hell’. »

Elle fronça rapidement les sourcils, consciente qu’elle venait de lui accorder un soupçon de sourire, et reprit d’un ton plus sévère :

« Arrêtes … S’il-te-plaît …
Je ne pourrai plus jamais rien faire pour toi, si tu fais ça …
Laisses-moi t’accompagner, je pourrai régler ça dans le cadre de la loi.
On ne pourra pas t’inculper … »

Ça avait tout l’air d’être une prière mais il s’agissait en vérité d’une affirmation. Elle ne le laisserait pas faire.