Ardat-Yakshi

[=>vient de Rencontre hasardeuse.]


Torque s’était empressé de sortir du hangar ou se trouvait encore les autres généraux. Il avait fait signe à Shassela de le suivre et cette dernière ne s’était pas fait prié. Elle devait certainement se demander ce que lui voulait ce Turien résolument mystérieux.
Le premier général n’entendait que les sons de pas de l’Asari. Il ne se retournait jamais. Un silence pesant s’était installé entre les deux protagonistes pendant qu’ils se déplaçaient de couloirs en couloirs.
Au bout d’un moment, Torque accéléra le pas et Shassela ne réussit plus à le suivre convenablement. Elle devina, par une porte entrouverte, qu’il s’était engagé dans une pièce, le compartiment "B-41".
Alors qu’elle ouvrait la porte et qu’elle marchait dans la pièce sombre, le cliquetis familier de la sécurité d’un pistolet s’entendit derrière elle. L’Asari se retourna brusquement pour se retrouver face avec un canon de Carnifex. Torque la tenait en joue.
" Alors, tu m’as attiré jusqu’ici pour me tuer ?! ", s’écria Shass en prenant une position de combat.
" Tu es une Ardat-Yakshi. ", déclara simplement Torque.
Il continuait de la tenir en joue, son regard défiant celui, en colère, de Shassela.
" J’ai passé ma vie à chasser les Ardat-Yakshi. Et voilà qu’une d’entre-elles se trouve dans mon équipage."
Il se passait beaucoup de choses dans le regard que se lançaient les deux pirates. Incompréhension, haine, tristesse… et nostalgie. Tout ces sentiments passaient à travers le regard de Torque qui paraissait, pour la première fois, chaleureux. Humain. Bien que son aura de terreur, que n’importe qui d’un peu empathique ressentait, était toujours présente. Une aura qui forçait les plus faible à se recroqueviller dans un coin, essayant d’oublier le fantôme qui avait hanté leur journée.
Au bout d’un moment qui passa pour une éternité, Torque baissa son bras. Il paraissait triste. C’était une première. Cette femme arrivait à réveiller des sentiments que le Turien avait cru à jamais perdus.
Il ouvrit son poing, libérant le pistolet qui percuta le sol dans un bruit métallique. Torque se retourna et se tint la tête de ses deux mains. C’était aussi la première fois qu’il montrait son dos à un ennemi potentiel. Tout ces faits étaient troublants, même Torque était troublé.
" Tu n’es pas la première que je rencontre. ", dit le Turien dans un souffle. " Elle m’a tué… et pourtant, je suis encore vivant. "
Il ne parla pas du sentiment de puissance qui s’était emparé de lui juste après et de son manque de sentiments apparent. Si Torque était aussi inhumain, c’était à cause de cela.
Il était aisé de deviné que l’image du fantôme que l’on avait de Torque venait en partie de ce qu’il avait subit.
" Pour être mort une fois… Je l’ai réduite en charpie. "
Le Turien se décrispa et ses bras retombèrent mollement à ses flancs. Il se retourna une nouvelle fois, cette fois-ci pour toiser l’Asari.
" Saris. Je pensais t’avoir réduite à néant. "
Torque avait sa propre banque de donnée concernant les Ardat-Yakshi. Il connaissait presque par cœur le nom de chacune d’entre-elles. Pire encore, c’était lui qui avait perpétré la destruction du vaisseau-cargo dans lequel avait été enfermée Shassela, il y a vingt-cinq ans.

Les gens meurent lors de l’étreinte avec une Ardat-Yakshi. Torque, lui, a survécu. C’était terrible, dans les deux sens du termes.
Mû par une énergie nouvelle, mêlant rage et désespoir, le Turien s’avança vers Shassela et agrippa violemment son cou avec ses deux mains. Il se rapprocha d’elle pour n’être plus qu’à quelques centimètres de son corps.
" Par ce que j’ai vécu une expérience traumatisante… Ces yeux, je m’en rappellerais toujours, Saris ! L’étreinte d’une Ardat-yakshi est mortelle, pourquoi aurais-je survécu ? J’aurais préféré mourir ! "
Il serra un peu plus fort.
" Par ce que depuis ce jour, je ne ressens plus ni douleur, ni pitié. "
Sa voix devint cassante, il était moins sûr de lui.
" Je DOIS vous tuer, Ardat-yakshi ! Pour le désir que vous faites naître en moi et que je suis obligé de réprimer… pour ne pas subir une nouvelle fois votre étreinte. "
Torque avança sa tête jusqu’à frôler le visage de Shassela. Cette dernière pouvait sentir la tiédeur de son haleine sur son cou.
" Voilà pourquoi j’ai envoyé mes pirates détruire le cargo ou tu étais emprisonnée. On dirait qu’ils n’ont pas fait leur travail convenablement. "