[L'Électron libre] L'heure de la paie a sonné.

Nom du RP : L'heure de la paie a sonné.
Statut : Libre.
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Antre du plaisir facile, l'Électron libre était comme une incitation aux jeux et à l'oubli. D'abord la gnôle alienne vous brûlait les veines et les boyaux. Puis la fumée vous montait à la tête et brouillait tous vos sens... étourdi par les lumières artificielles du night-club, vous perceviez l'appel aguichant du dancefloor où se dandinaient les courtisanes asari, et rien d'autre à vrai dire. Pour bien des clients les problèmes commençaient là.
Un colon ingurgite un degré d'alcool en trop. Il se fraye un chemin vers la piste de danse et, maladroit, renverse la flûte d'un mercenaire Krogan particulièrement désagréable. Plus désagréable encore que la normale Krogane... en admettant que ce soit possible. Le videur aura beau intervenir ou prévenir le SSC, ça ne changera rien. L'humain terminera sa soirée dans l'infirmerie du secteur... en pièces détachées. C'était le scénario classique. Scénario qui se déroulait en ce moment même sous les yeux amusés de Koss'Mos.

Le quarien ricana derrière sa visière. Ivre ou sobre, courageux ou inconscient, s'en prendre à un guerrier Krogan relevait de la stupidité. Si le geste était volontaire on pouvait aussi parler de suicide organisé.
Le rire de Koss s'évanouit dès que le Krogan se tourna dans sa direction. Lentement, il s'avança vers le bar où consommait le quarien. Chaque pas qui rapprochait les deux aliens appliquait une pression supplémentaire sur la gorge de Koss. C'était comme le compte-à-rebours avant une explosion. Dix... neuf... huit... sept...

- C'est toi, le quarien pirate?

Tout dans cette scène laissait croire que de la réponse du quarien dépendait sa survie. Pourtant, sans le moindre contrôle de sa part, ce dernier sentit sa tête branler de haut en bas en guise d'approbation.

- C'est toi qui a détourné ma paye, la sauterelle?
- ...plaît-il?
- C'est toi qui va payer maintenant.

La voix du Krogan se faisait lourde et menaçante. Koss, lui, se contentait d'un murmure chevrotant.
Il leva les mains pour clamer haut son innocence tandis que l'autre le saisissait par un pan de sa combinaison. Il le traîna le long du comptoir, envoyant valdinguer les chopines des clients qui reculèrent presque machinalement. Koss repoussa d'une main les éclats de verre. Il puait l'alcool. Ca, le quarien ne pouvait que le deviner, son casque lui ôtant toute perception olfactive. Il espérait juste que cette bibine ne provenait pas des systèmes terminus... y'avait là-bas des liqueurs acides qui vous rongeait l'armure en moins de deux.

- Hey hey hey! Y'a erreur sur la personne!

S'étrangla-t-il en se débattant.

Koss'Mos était-il coupable du mal dont l'accusait le Krogan? Il l'ignorait! Le quarien avait piraté une quinzaine de terminaux rien que la semaine dernière. Les crédits volaient dans tous les sens et si, de temps à autres, il s'autorisait un emprunt, Koss évitait les grosses sommes. Elles étaient plus faciles à tracer et le SSC ne s'en privait pas. Pour l'instant ses dettes restaient supportables. Mais pour ce qui est de l'argent du Krogan...
Ce dernier grogna et colla la tête quarien à trois centimètres de son crâne. Il avait une gueule charcutée par des impacts de balles et des dents immenses qui broyaient du turien au petit déjeuner. Le souffle fétide du Krogan embuait sa visière. Si bien que, lorsque le Krogan se mit à le secouer, Koss ne voyait plus rien.

- Dis moi juste comment t'as piraté le système du boss.
- Euh... facilement...

Grognement furieux. Les yeux du Krogan s'enflammèrent.

- Je vais t'arracher les pattes, maudit insecte!

Invité

HRP

C'que vous avez d'plus fort, s'vous plaît

murmura Khrayn en s'asseyant au hasard sur l'un des sièges du bar.

L'Électron libre, théâtre de nuit où les comédiens jouaient leur rôle à la perfection, cocktails à la main. L'Électron libre. Voilà un nom qui rappelait une série de souvenirs au Drell. Il n'avait pas mis les pieds dans ce bar de la Citadelle depuis maintenant une demi-décennie, mais les moments qu'il avait vécu ici erraient toujours dans sa faible mémoire d'alcoolique. Des litiges sanglants entre Krogans jusqu'aux soirées trop arrosées, jamais il ne s'était ennuyé dans cette boîte de nuit... Mais les choses ont changé à présent, Khrayn n'est plus ce jeune mâle profitant de son existence au maximum. Il n'est également plus le Drell qui n'accordait que peu d'importance aux soucis... Il avait maintenant certaines responsabilités, et une conscience. Responsabilité et conscience... Deux éléments cruels, cupides, barbares.

Quoi qu'il en soit, le barman servit de façon presque enjouée la boisson au Drell, qui avait soupiré d'exténuation (même s'il n'avait rien fait de sa journée à l'exception de glander dans son appartement dans les Secteurs). Ce dernier ne remercia même pas le serveur, et commença à siroter son alcool. À travers la musique endiablée et la cacophonie causée par les fêtards, Khrayn parvint à discerner une conversation plutôt mouvementée entre un Krogan et un Quarien.

C'est toi qui a détourné ma paye, la sauterelle?

... plaît-il?

C'est toi qui va payer maintenant.

Khrayn, toujours bien assis, ricana légèrement. Curieux, il continua de regarder la scène, boisson alcoolisée à la main. Une querelle dans une boîte de nuit, rien de tel pour se reposer les neurones et divertir un peu, d'autant plus que, pour une fois, le Drell n'était pas l'un des acteurs de la dispute. Viscéralement, il changea de place pour se rapprocher du Krogan et du Quarien. Pendant son déplacement, il entendit le Quarien affirmer que le Krogan s'était trompé d'individu. Et, avec une subtilité inexistante, Khrayn se remit à observer ce qui se déroulait.

Dis moi juste comment t'as piraté le système du boss.

Euh... facilement...

Je vais t'arracher les pattes, maudit insecte!

Le garde du corps s'esclaffa intérieurement, tentant de cacher son plaisir pour ne pas se faire remarquer par le Krogan (expérience de vie). Puis, l'imposant reptile empoigna la combinaison du Quarien, le levant quelque peu dans les airs. Le Krogan semblait prêt à tout pour obtenir une réponse. Il continua donc, d'un ton encore plus enflammé :

Maintenant, dis-moi... Comment t'as piraté l'système du boss!

Le scénario devenait de moins en moins amusant... Une vie était peut être en danger, d'autant plus que cette vie appartenait à un innocent. Khrayn voulut réagir, mais il songea à son enfance, pensée qui lui fit perdre l'envie de défendre le candide Quarien. Le Krogan, qui tenait toujours le pauvre Quarien dans sa main droite, serra son poing et le plaça juste devant la visière du Quarien. Il affirma finalement :

Tu voudrais quand même pas, disons... ne plus pouvoir marcher?

La situation devenait de plus en plus importante. Khrayn devait réagir. Et s'il réussissait à sauver le Quarien de blessures certaines, peut-être que ce dernier pourrait réquisitionner ses services de protection. Subtilement, il s'empara de son arme à feu chargée de pyroballes. Il pointa délicatement son pistolet sur la tempe du Krogan, puis attendit que ce dernier se retourne. Il dit, de façon quasi arrogante :

T'as pas compris, je crois. Il a dit qu'il n'avait aucun lien dans cette histoire. C'est clair? Mmh, tu ne voudrais quand même pas disons... ne plus pouvoir marcher?

Le Krogan se retourna et défigura Khrayn, lâchant la combinaison du Quarien, qui regardait à son tour la scène. Le massif reptile tenta de frapper le Drell, mais celui-ci parvint à éviter le coup et à projeter le Krogan sur le sol. La chute fut si brutale qu'on entendit presque le sol de l'Électron libre vibrer. Khrayn divulgua :

Allez, dégage maintenant.

Pendant que le garde du corps se retournait, le Krogan se releva silencieusement et empoigna un siège, désirant ainsi assommer le Drell. Le reptile murmura :

Dommage.

HRP:: Non, c'est parfait :)

Lentement, Koss'Mos tourna la tête vers son sauveur. Un drell ? A sa connaissance, il ne comptait pas de drell parmi ses amis proches. C'était un calcul relativement rapide. Son cercle d'alliés se résumait aujourd'hui à deux personnes : sa copine - une superbe danseuse Asari - et son frère cadet Free'Mos. Ah non, attendez... Alacia s'était montrée on n'peut plus claire à ce sujet ! Elle ne voulait plus revoir sa "tronche d'alien débile" à moins de trois cliks d'elle. Leur relation pris fin lorsqu'un certain Quarien, dont on taira le nom, défia son compère turien au quasar. Un enfoiré d'esclavagiste turien. Koss était criblé de dette mais il venait de mettre au point un software pirate qui déréglait les terminaux le temps d'une partie. Ce logiciel aurait dû le rendre riche... sauf que le turien trichait aussi. Il remporta le jeu de justesse. La mise étant Alacia, elle avait moyennement apprécié.

Mais oublions ces mauvais souvenirs et revenons à nos pyjacks ; la réaction du drell était imprévisible. Pourquoi secourir un inconnu aux prises avec un Krogan en y risquant sa vie ? Ils ne se connaissaient pas. Koss hocha du chef pour s'éclaircir l'esprit. Le pourquoi, au fond, il s'en foutait. Sa peau était sauvée et c'était ça l'essentiel.

- Bosh'tet!

Siffla-t-il quand le Krogan lâcha sa prise et qu'il heurta le sol du night-club.

Le Quarien tâta sa combinaison à la hâte pour en contrôler l'état. Pas de déchirure... pas de fuite apparente...
Il poussa un soupir de soulagement. Manquait plus qu'il chope une foutue infection ! Ses yeux se levèrent vers leur agresseur et lui jetèrent un regard assassin, toujours dissimulé sous sa visière teintée, mais l'intention y était. C'est alors qu'il vit le Krogan s'emparer d'un siège. Évidemment, ce n'était pas pour s'y asseoir...
Le pirate récupéra gauchement ses jambes et, d'une main posée sur le sol, s'appuya pour se relever. Sa voix s'était affermie lorsqu'il voulut avertir le drell de la menace surgissant dans son dos.

- Attention!

Le Krogan réagit au quart de tour et Koss'Mos baptisa le tabouret qu'il se prit en pleine poire. S'il n'était pas Quarien, il aurait le caisson ouvert à l'heure qu'il est. Le coup l'envoya tout de même cogner contre la paroi arrière de son casque. Koss posa ses deux mains sur sa tête pour faire taire les vibrations qui secouaient son crâne. Dans sa tête, c'était comme si un milliard de secteurs explosaient en même temps... les débrits de planètes volaient tout autour et ses tempes battaient le tempo de cette danse endiablée.

- Les insectes, j'les écrase. RRrrraaaaah !

Le Krogan l'avait mis hors jeu en l'espace de deux secondes. Il se concentra à nouveau sur le drell et agita le siège en moulinets pour impressionner son adversaire.
Koss se recula d'un coup de pied. A l'abri derrière une table renversée dans la pagaille - lâche? peut-être bien, mais il avait déjà son contingent d'émotions fortes - il dégaina son pistolet. Il attendit et se glissa hors de sa cachette pour viser. Son intuition lui soufflait cependant que le drell n'aurait pas besoin de son aide pour mettre son opposant en déroute. Sa réactivité, son assurance... ce type savait se battre. C'était flagrant.

Invité

Les insectes, j'les écrase. Rrrrraaaaah!

Khrayn n'eut le temps que de se remettre de ses émotions qu'il vit le Quarien papillonner dans les airs pour retomber sur le sol aussi brusquement. Aussitôt, le Krogan se retourna vers le garde du corps et commença à s'avancer impétueusement vers lui. De façon presque impressionnante, le reptile commença à effectuer toutes sortes d'acrobaties avec le tabouret qui avait servi à frapper le Quarien. Toutefois, le cirque ne dura pas bien longtemps; le siège glissa des mains du Krogan et atterrit violemment sur le crâne d'une danseuse asari, qui avait arrêté de se trémousser pour regarder la scène. On entendit un gémissement puissant de souffrance, puis cette dernière s'écroula sur le sol. Le reptile arrêta net de bouger, et chuchota :

Eh merde...

Sans plus attendre, le combat continua. Khrayn s'approcha de son adversaire et s'empara du premier bock qu'il trouva sur le bar central de l'Électron libre. Spontanément, il le fracassa sur la tête de son opposant. Celui-ci sembla vouloir perdre connaissance, mais il parvint à rester debout. Encore plus furieux et agressif qu'au tout début, il chemina vers le Drell et le frappa avec une telle puissance que, à travers toute la boîte de nuit, on entendit le son du craquement de la mâchoire de Khrayn. Ce dernier resta tout de même en équilibre, et rendit la pareille en le martelant de coups. Malgré la douleur intense qui errait dans les jointures du garde du corps, il continua de le taper jusqu'à ce qu'il tombe sur le sol, complètement assommé.

Il y eut vingt secondes de quiétude angoissant, et les services de sécurité du bar parvinrent enfin aux côtés de Khrayn et sortirent à coups de pied le Krogan, qui essayait en vain de cacher sa souffrance. On l'entendit hurler contre le Quarien, mais les paroles qu'il divulgua était incompréhensibles (hum... le Drell avait peut-être frappé un peu trop...). Khrayn Phab, tête légèrement remontée, présentant son arrogance, dit :

Je croyais que c'était clair... Il n'avait rien à voir dans cette histoire

dit-il en lui adressant un clin d'œil (clin d'œil que le Krogan ne put percevoir).

Cette scène de combat lui rappela sa tendre enfance... Enfin, tendre... Si on omet le fait qu'il était toujours défoncé (dans tous les sens du terme) et qu'il ne causait que du tort dans son entourage… Alors oui... Sa tendre enfance. Il regrettait un peu d'avoir vieilli trop promptement. Sa vie de jeune Drell était toujours divertissante et il n'y avait jamais aucun soucis. Au moins, cette soirée lui aura permis de se détendre un peu!

Bref, Khrayn s'approcha de la danseuse asari, qui s'était réveillée. Elle semblait encore un peu étourdi. Il lui tendit donc la main pour l'aider à se relever, assistance qu'elle accepta avec plaisir. Ensuite, elle remercia le Drell d'un court baiser sur la joue. Khrayn Phab avait effectué sa bonne action pour la journée (et dans son cas, pour la semaine), d'autant plus qu'il avait pu démontrer ses talents à des dizaines d'individus qui avaient regardé la scène avec admiration. D'ailleurs, il profita de cette circonstance pour faire un peu de promotion pour ses services de sécurité :

Et pour les intéressés, je suis également garde du corps.

Après cela, il se fraya un chemin à travers tous les fêtards et les danseurs jusqu'au Quarien. Apparemment, il avait réussi à se relever pendant qu'il se battait avec le Krogan. Avant même qu'il ne commence à parler, Khrayn s'assit sur le premier banc qu'il discerna. Machinalement, il commanda une autre boisson alcoolisée et commença à discuter avec le Quarien :

Alors, pas trop blessé? Pas trop secoué?

Le serveur déposa un verre rempli sur le bar et Khrayn s'empara de ce dernier. Il en avala le contenu d'un seul coup. Il grimaça quelques instants et dit à son interlocuteur, d'un ton presque amusé :

Mais qu'est-ce que tu as fait pour t'attirer tant d'ennuis? T'es au courant que t'aurais pu finir mangé par des Varrens ou même démembré par le Krogan?

Il respira un bon coup et termina :

Et j'te rappelle que j'suis garde du corps, alors...

Koss'Mos épousseta les épaulières de son armure en toussotant. Il détestait être au centre de l'attention... ce qui n'était visiblement pas le cas du Drell. Ce dernier lui vola la vedette en jetant le Krogan hors du ring. Et il s'en sortait bien ! Rien d'étonnant pour un garde du corps, remarquez... il devait avoir de l'entraînement... des années d'expérience... Koss en était presque jaloux. Presque. Comme disait son père : chacun son domaine.
Notre jeune pirate croisa les bras lorsqu'il le rejoignit au bar. Il salua son initiative d'un hochement de tête (ce qui, pour un Quarien, était tout d'même plus significatif qu'un sourire). Les clients du night-club reprirent leurs occupations comme si de rien n'était. Koss'Mos abandonna son regard sur les danseuses Asari pendant que son ange-gardien prenait commande. Comme elles pouffaient de rire en l'observant, il se rendit compte à quel point il avait l'air ridicule dans sa combinaison, tâchée par des alcools de toute provenance. Des nuances de liquides roses, bleu, vert se superposaient et un espèce de mélange pâteux et brunâtre recouvrait le tout. Un feulement plaintif s'échappa de sa gorge. Il saisit une serviette perdue sur le bar pour essuyer cette merde alienne.

- Ça va merci, répondit-il au Drell.

- Mais qu'est-ce que tu as fait pour t'attirer tant d'ennuis? T'es au courant que t'aurais pu finir mangé par des Varrens ou même démembré par le Krogan?

Il y avait dans cette réplique une raillerie évidente. Vexé, il s'efforça de cacher son humiliation et lança d'une voix au timbre sarcastique, presque blessant :

- Bien sûr. Je fais ça pour le plaisir... le masochisme, ça m'connaît.

Le Quarien épongea sa visière. Il garda le silence une fraction de seconde puis admit que, parce qu'il lui avait sauvé la vie, le Drell avait le droit à quelques explications.

- J'sais pas ce qui l'a pris. Il pense que j'ai détourné son fric... peut-être que c'est vrai, j'en sais foutrement rien. Peut-être qu'il a juste sauté sur le premier Quarien qu'il avait sous la main, marmonna-t-il en haussant les épaules. C'était pas la première fois qu'on l'agressait sans raison. La flotte nomade n'était, pour beaucoup, qu'une nuée d'insectes dévorant toute ressource sur son passage. Et la vérité n'en était pas si éloignée.

- On n'a pas très bonne réputation, conclut-il.

- La plupart s'imaginent que, simplement parce que nous sommes compétents en électronique, ça fait de nous des hackers. C'est pas toujours le cas.

Koss balança la serviette par-dessus le comptoir et s'éclaircit la gorge. Il faisait un très mauvais exemple. Le piratage représentait son seul moyen de survie. Koss n'avait jamais brillé de ses six doigts. Alors il s'accrochait à des entreprises nouvelles - certes peu légales... mais dans ses cordes. Bah, personne n'était blanc comme neige après tout. Surtout pas dans la Citadelle. Prenez notre nouvel ami Drell par exemple : c'était un excellent combattant. Mais on n'apprenait pas à se battre en torchant des Volus que j'sache. Il avait dû en buter à la pelle, des gens, peut-être pas que des criminels, peut-être aussi des honnêtes hommes... Les armureries fleurissaient et la concurrence devait être rude pour qu'il lui propose, à lui, ses services. Allons bon ! Ça n'se voyait pas qu'il était sur la paille?! A moins que le Drell ne le prenne simplement pour un demeuré incapable.

- J'te rappelle que je suis Quarien, alors...

Il ricana sous son casque.

- Tu connais beaucoup de Quariens friqués toi ? On n'quitte la flotte qu'en pèlerinage, et les poches vides. Faudra te trouver un meilleur client. Tu devrais tenter l'ambassade... à moins que tu ne préfères bosser pour les gangs... si le Krogan en fait partie, ils viendront te voir d'eux-même je pense.

Koss croisa ses mains sur le bar. Finalement, il en tendit une vers le Drell et se présenta.

- Koss'Mos nar Nayela. Pirate. Mécano. Complètement fauché.

Invité

HRP

Koss'Mos semblait avoir fini de parler. Khrayn profita donc de cette pause pour commander pour la troisième fois une boisson alcoolisée d'un simple signe de la main. Il précisa au barman qu'il voulait la boisson la plus forte de toutes. Instantanément, le serveur vint apposer un bock rempli d'une substance presque fluorescente sur le comptoir. Le Drell ingurgita viscéralement la moitié du contenu liquide. Pendant quelques secondes, il se sentit légèrement étourdi. Ouf! Le serveur avait bien répondu à sa demande; il avait en effet reçu le cocktail le plus frappant de tous! Khrayn avait pourtant bu toutes sortes de substances (illicites ou non) au cours de son enfance, mais aucune boisson lui avait fait un tel effet.

Quoi qu'il en soit, il se remit rapidement de ses émotions, repoussa légèrement le verre sur le comptoir. Puis, il respira un bon coup avant de perpétuer la discussion avec le Quarien, qui semblait légèrement s'ennuyer :

Maso? Si t'es intéressé, j'connais justement un Asari qui est plutôt... comment dire... bestiale au lit.

Après avoir instinctivement réécouté ses paroles dans sa tête, il remarqua rapidement qu'il avait commis une légère erreur; les Quariens ne pouvaient pas avoir des relations sexuelles comme ils le voulaient. Leur anti-immunité à toutes les maladies et infections leur empêchaient de pouvoir enlever leur combinaison respective quand ils le convoitaient. Le Drell versa presque une larme pour eux... Ce devait être incroyablement atroce et pénible de vivre sans ce merveilleux plaisir de la vie. Khrayn, d'un ton se rapprochant presque du sadisme, continua :

Oh! Complètement désolé! J'n'avais pas pensé qu'vous ne pouviez pas enlever cette combinaison comme bon vous semble. Mais comment vous faites pour vivre... J'crois que j'en mourrais!

Pourquoi à chaque fois que le garde du corps rencontrait un individu il finissait toujours par parler de sexe ou d'alcool? Mais pour quelles raison ces foutus sujets revenaient toujours dans ses conversations?... Cette manie devenait presque un boulet pour Khrayn. D'ailleurs, naguère, cela l'avait empêché d'obtenir des contrats avec des clients potentiels à plusieurs reprises. Il prit officieusement la décision d'arrêter de toujours dévier les discussions vers ces sujets tabous, décision qu'il ne tiendra probablement pas. Bref, le garde du corps changea de conversation, par pur respect :

Moi, j'trouve que que ces histoires de réputation ça n'a aucun sens. C'pas d'notre faut si y'a des extrémistes partout... Même nous, les Drells, on est réputés pour not' tendance à assassiner. N'importe quoi!

L'air qu'il prit pour divulguer ses paroles le rendit presque convaincant. Il faut dire que l'odeur infâme de l'alcool qu'il dégageait et sa voix légèrement timbrée par l'ivresse ne l'assistait pas vraiment... Sans plus attendre, il avala un peu de sa boisson et déclina son identité à son tour :

Sinon... j'suis Khrayn Phab, garde du corps. J'n'ai pas eu de clients d'puis des siècles. J'm'ennuie chez moi à ne rien faire. J'serais même prêt à payer pour faire quelque chose des mes journées...

Tout en sirotant le reste de sa bière, Khrayn passa machinalement en revue toute la soirée qui venait de se dérouler. Dans sa tête, il vit pour une deuxième fois le combat contre le Krogan, la sortie du reptile par la sécurité, le baiser de l'Asari, la conversation qu'il avait eu avec Koss'Mos. Il déposa son verre à nouveau sur le comptoir, leva les yeux vers le ciel et songea. Une phrase que le Quarien avait dit plus tôt le fit réagir :

La plupart s'imaginent que, simplement parce que nous sommes compétents en électronique, ça fait de nous des hackers. C'est pas toujours le cas.

Il venait d'avoir une idée de génie; une idée qui non seulement l'aiderait à coincer un rival, mais également à obtenir de nouveaux clients. Il fit glisser son tabouret vers l'avant pour se rapprocher de Koss'Mos et dévoila sa requête :

Dis, j'peux pas t'aider pour ton pèlerinage? Tout ce que j'te demande en échange c'est d'aller chercher quelq' informations sur le terminal d'un... d'un garde du corps concurrent disons... Selon mes sources, il produirait du sable rouge dans son appartement à Oméga si j'me trompe pas. Si j'parviens à trouver les preuves dans son terminal avec ton aide, j'pourrais l'faire marcher pour obtenir quelques clients... ou l'dénoncer. Il faut bien que j'vive moi.

Il se gratta pendant quelques secondes la tête, et conclut :

Mais j't'oblige pas à faire ça, c'est seulement que ça m'aiderait à vivre plus aisément... Et j'ferais n'importe quoi pour toi en échange, j'te l'promets!

- Oh! Complètement désolé! J'n'avais pas pensé qu'vous ne pouviez pas enlever cette combinaison comme bon vous semble. Mais comment vous faites pour vivre... J'crois que j'en mourrais!

Koss grinça des dents. Proportionnellement aux flûtes d'alcool qu'il s'envoyait, le Drell devenait légèrement insupportable. Comme ce dernier l'avait si habilement souligné l'armure des Quariens bridait un petit peu leur liberté... ils n'appréciaient pas la vie comme les autres espèces. La cuite de son voisin de comptoir faisait partie des choses qui lui tapaient hautement sur le système ; justement parce qu'il s'y prêtait rarement. S'entretenir avec un Quarien sur son immunité, c'était un peu comme aborder le génophage avec un Krogan : un sujet épineux pour la majorité des hommes-scaphandre. Évidemment l'un était moins périlleux que l'autre.
Le jeune Quarien décida de mettre les commentaires désagréables du garde du corps sur le compte de l'alcool. Écartant sa susceptibilité du chemin, il reprit le fil de la conversation comme si de rien n'était.

- Y'en a qui prennent le risque... mais c'est sûr que pour nous, ces courbettes, c'est pire que suivre un Elcor en tournée... enfin... pas l'acte en lui-même. C'est l'après, le problème. La dernière fois que j'me suis tapé une paire de tentacules j'en ai eut pour une semaine de démangeaisons. Et pas dans les endroits les plus agréables.

L'Asari qui remplissait le verre sans fond de Khrayn le transperça de ses magnifiques yeux noisettes, le regard blasé et les lèvres pincées. Un profond dégoût se lisait sur son visage.

- Sans vouloir vous offenser...

Elle tourna les talons et s'enfuit avec ses grands airs. Par le grand escalier. Vers les machines à quasar. Lui, s'affala sur son siège et souffla entre deux jurons Quariens. Pfuh... les Asaris et leur arrogance innée... dédaigneuses et fières de représenter l'idéal alien ! Le fantasme organique des mâles inter-espèce et pourtant... pourtant ! Attends un peu que je t'emballe ça dans une combinaison ! Un tas d'férailles pesant... suffocant... pfuh ! Foutues combi ! Elle oublierait vite ses airs supérieurs la grognasse bleue en quittant sa jolie robe en aluminium pour une armure Quarienne. Le confort garanti à vie. Et quel sens pratique...

- J'en viens presque à envier les Geths. Eux au moins ils ont pas d'problème pour pisser.

Ah... Koss gratta distraitement une tâche du bout des gants. Il hocha mécaniquement la tête pendant que le Drell corroborait son spleen sur les préjugés. Et il continua d'hocher la tête pendant de loooooongues minutes jusqu'à ce qu'un mot, aussi inopiné que déconcertant, fourche la langue éthylique de Khrayn.

- M'aider ?

Il n'en croyait pas ses oreilles.

- C'est... inattendu.

Si l'opacité de son casque ne laissait filtrer aucune émotion, la voix de Koss trahissait une soudaine hésitation. Laisser un étranger s'impliquer dans son pèlerinage... ce n'était pas très judicieux, n'est-ce pas? Le pèlerinage ne se résumait pas une vulgaire mission de reconnaissance. C'était plus que ça : une cérémonie, un rite.
Ton capitaine compte sur toi, susurrait sa conscience, mais Koss'Mos savait pertinemment qu'il n'en était rien. Son vaisseau ne l'attendait pas. Pire... il se passerait bien de sa présence. Koss patinait tout seul dans cette galaxie trop grande et impitoyable. Il ne saurait jamais faire ses preuves... du moins pas sans aide.
Brusquement, la flotte nomade lui sembla horriblement lointaine et inaccessible. Il pianota nerveusement des doigts contre le comptoir. Ce type était bourré. Que valait la parole d'un ivrogne?

- Mais j't'oblige pas à faire ça, c'est seulement que ça m'aiderait à vivre plus aisément... Et j'ferais n'importe quoi pour toi en échange, j'te l'promets!

- Mon pèlerinage... il dure depuis des années, démarra Koss sur un tremplin d'amertume.

- J'ai eut des soucis sur ma planète d'intro. J'ai trop traîné. Il me faut quelque chose de spécial pour rentrer chez moi maint'nant. J'peux pas me contenter de pièces détachées ou d'un vaisseau, tu vois? Toute la flotte me prend déjà pour un bon à rien. J'veux pas leur donner raison.

Il ne comprendrait pas. Il était royalement pété.
... soupir résigné.

- Ton terminal, il est où?

Le Quarien trafiqua son Omnitech et transféra ses coordonnées extranet vers celui de Khrayn. Après quoi, il lui jeta un regard plein de distance et jugea que son stade d'alcoolémie méritait quelques ajouts supplémentaires.

- Les problèmes c'est toute mon histoire, articula-t-il.

- Mais j'ai pas envie de me faire courser par un nouveau Krogan... si j't'assiste, t'ébruites pas mon nom et tu me couvres un minimum. La célébrité t'apporte peut-être des clients mais elle me coûte des ennemis. En règle générale les gens n'aiment pas qu'on fouine dans leurs affaires.

Temps de réflexion.

- A part cette fois où j'devais trouver à redire sur une négociante Asari... des recherches pour un holo à scandale. Ca n'a pas été très compliqué : elle faisait dans le porno Hanari. L'info aurait dû la mettre au bas du mur. Mais non. Elle a boosté ses ventes. Maintenant, madame a sa propre compagnie. Et qu'est-ce que j'ai gagné dans l'affaire ? 500 crédits. 500 putains d'crédits!

Koss'Mos ne mâchait pas ses mots. Dans une suite de gestes amples (censés restituer toute l'infamie de sa situation) il avait renversé la coupe du Drell. Il la redressa maladroitement.

- Quelle arnaque.

Invité

HRP

Quelle arnaque.

Le Drell soupira outrageusement, comme s'il avait été impliqué dans l'affaire de Koss'Mos. Toutefois, Khrayn connaissait bien ces histoires de filouterie; il avait connu des clients qui jouaient sur les mots et sur les contrats pour éviter de payer des sommes plus ou moins élevés. Ah les sales radins! Mais pourtant, les prix que demandait le garde du corps pour offrir ses services de sécurité n'étaient pas si hauts... Pitoyable. Tout pour sauver de l'argent.

Khrayn Phab avala d'un coup le reste (sale Quarien ^^') de son bock et le repoussa finalement vers le serveur. Il ne commanda pas une boisson de plus, puisque les événements devenaient de plus en plus importants. Il était sur le point d'obtenir des clients éventuels, et il était crucial qu'il soit dans une totale possession de ses moyens pour tenter de convaincre le Quarien de pirater le terminal d'un de ses concurrents.

Avant d'entamer plus grandement le sujet du hackage, le Drell débuta par répondre à Koss'Mos, dans l'unique but de tisser des liens plus étroits entre les deux individus. Il affirma donc, d'un ton qui sembla presque navré :

Désolé, j'voulais en aucun cas t'offenser. J'sais qu'ça doit être un sujet plutôt... difficile pour vous. J'suis navré encore une fois.

Malgré les litres d'alcool qui coulaient dans ses veines, le garde du corps était toujours complètement conscient. Il savait que certaines choses pouvaient encore gâcher ses chances, et éventuellement son destin. Il devait donc porter attention à tout ce qu'il disait ou faisait pour éviter d'offenser son interlocuteur. Il poursuivit donc, en discutant un peu avec Koss'Mos de son pèlerinage :

Ç'doit être dur à faire, un pèlerinage. J'n'ai entendu un peu parler récemment, pendant un d'mes contrats. J'assurais la sécurité d'un Quarien qui faisait just'ment son pèlerinage... Y m'parlait qu'il fallait qu'il aille chercher des ressources naturels ou j'sais plus trop. Ça m'f'rait plaisir d't'aider en échange de ton assistance pour le piratage...

Khrayn ne mentait pas. Il avait en effet assuré la sécurité d'un Quarien pendant son pèlerinage sur Nearrum; une histoire de Rachnis et de ressources minérales. Avant de continuer la conversation, il lança quelques regards furtifs vers le bar. Promptement, il vit qu'un Asari à quelques mètres semblait lui faire de l'œil. Étonné, il ne fit que la saluer d'un simple signe de main. Cette dernière se retourna et sembla sauter de joie en rejoignant quelques une de ses copines à une table plus loin. Khrayn sourit avant de se retourner vers Koss'Mos.

Finalement, il perpétua :

Donc, pour c'qui est du terminal, y s'trouve à Oméga, dans les appartements. J'sais où il habite, j'y suis d'jà allé. J't'envoie les coordonnées.

Il activa son omni-tech et envoya à son tour des coordonnées vers celui de Koss'Mos. En deux temps trois mouvements, le Quarien se retrouva avec la localisation exacte de la résidence du concurrent du garde du corps drell. Au moment où il ouvrit la bouche pour poursuivre la conversation, des nausées s'emparèrent de lui. Instantanément, il se sentit soudainement étourdi, complètement assommé. Khrayn balbutia quelques mots qui semblaient vouloir dire qu'il n'allait pas bien. Des violentes céphalées se mirent à s’acharner sur son crâne, pendant que son cœur se débattait à pleine puissance.

Ce qui était inaccoutumé dans ce malaise brusque, c'est que le Drell n'avait ingurgité que trois boissons alcoolisées depuis son arrivée à l'Électron libre. Usuellement, Khrayn était capable d'en absorber beaucoup plus avant de se sentir mal ou légèrement faible. Il tenta de se lever de son tabouret, mais il s'écroula sur le sol glacé de la boîte de nuit. Il essaya en vain de rester conscient, mais il tomba dans un sommeil profond.

Au loin, un barman turien qui regardait la scène se mit à rire dans sa barbe, avant de se diriger vers la sortie de l'Afterlife.

Koss'Mos hochait du chef dans un balancement presque mécanique. La majorité des Quariens en pèlerinage revenaient de leur périple avec des vaisseaux de facture étrangère, de précieuses ressources, des données... tout ce qui pouvait s'avérer utile à la flotte. Naturellement, ces dits présents, Koss y avait déjà pensé.
Option a ; Acheter un vaisseau. Classique. Efficace. Demande une certaine expertise, des contacts, des crédits... notre pirate n'en avait pas les moyens. Oh ça, il aurait pu recycler une casserole d'occasion - sa race avait un don inné pour la réparation et la récupération de matériaux - mais Koss ayant passé toute son enfance à bord d'un vaisseau miteux et branlant, l'idée ne le séduisait pas du tout...
Option b ; Collecter des ressources. Tâche délicate. Exploration. Danger. Il n'y avait rien d'exploitable sur son ancienne planète, mais ce n'était pas sa sédentarisation dans les secteurs de la Citadelle qui changerait la done... et puis Koss ne voulait pas risquer sa peau dans les mondes hostiles. C'est là que la proposition du Drell prenait tout son sens... en tant que garde du corps... il saurait assurer sa protection, non?
Sinon, il y avait les données, option c. Faciles à obtenir pour un pirate pourvu qu'on sache où les chercher. Notre ami Quarien manquait de bon tuyaux à ce niveau là. Du coup, l'option b semblait la plus alléchante.

- Ouais.

Pendant que Khrayn transférait les données, il ractiva son omnitech pour consulter son compte extranet. Il attendait un message d'un collègue pour une nouvelle offre. Du détournement de données, encore. Koss détestait ça. Il savait que le SSC surveillait de près les terminaux les plus garnis de la Citadelle... protégeant parfois les petits criminels pour pêcher les plus gros poissons. Les opérations devenaient très casse-gueules. Le SSC trop chatouilleux. Si sa coopération avec le Drell se poursuivait mieux valait décliner l'offre.

- Donc, pour c'qui est du terminal, y s'trouve à Oméga, dans les appartements. J'sais où il habite, j'y suis d'jà allé. J't'envoie les coordonnées.

Koss approuva d'un signe de tête.

- Oméga... ok.

Un petit *bip* l'informa que le transfert des données s'était terminé sans encombre. Koss ferma la fenêtre et parcourut ses messages en diagonale. Il grogna en supprimant les slogans publicitaires et les chaînes Hanari qui explosaient son extranet... tant pis si les porte-flammes venaient le débrancher dans son lit.

- J'y suis encore jamais allé, reprit le Quarien au sujet d'Oméga.

- Paraît que cette planète est devenue une antre à Vortcha.

Absorbé dans l'utilisation de son omnitech, Koss ne vit pas le Drell se lever. Ce n'est qu'en entendant le bruit sourd de sa chute qu'il leva le bout de son nez et constata l'état pitoyable de son interlocuteur. Son teint était passé du vert au jaune et, bien qu'assoupi, ses mains étaient encore agitées de tremblements.

- Keelah!

Koss'Mos se laissa tomber au sol et tourna Khrayn sur le côté. Il l'attrapa par les épaules et le secoua dans l'espoir de le réveiller, sans réaction apparente.

- Hey! Hey! ...roh c'est pas vrai... mais combien tu t'en es envoyé?

Un pli soucieux apparu sur son front, bien qu'invisible de tous. Il ne pouvait pas simplement l'abandonner là. Fulminant contre les alcooliques incapables de gérer leur soif d'alcool exotique, le jeune pirate saisit le garde du corps par le bras, qu'il souleva et passa par-dessus ses épaules. Il le traîna non sans mal vers la sortie de l'Électron Libre en pestant, cette fois, contre son poids. Koss'Mos ne savait pas où habitait le Drell et il ne comptait pas le traîner jusque dans sa loge. Il s'arrêta un instant à l'entrée du night-club pour souffler puis, hésitant sur la marche à suivre, il décida de conduire le garde du corps jusqu'à l'infirmerie des secteurs...

Invité

HRP

Khrayn se mit soudainement à respirer puissamment à plusieurs reprises. Il expirait et inspirait avec une telle force que l’omnipraticien, qui se trouvait dans la pièce adjacente, se précipita sur les lieux pour voir ce qu'il se déroulait. Le garde du corps respira ainsi pendant approximativement trente pénibles secondes, puis il reprit ses esprits. Il se frotta les joues et les yeux pour être certain qu'il ne rêvassait pas. Mais non, tout était bien réel, tout était bien véridique; le jeune Drell était bien étendu sur un lit lactescent, strate qui se trouvait dans le centre médical de la Citadelle. Quand le docteur discerna que Khrayn semblait reprendre conscience et arrêter de respirer en panique, il s'adressa à ce dernier, pour le réconforter :

- Tout va bien, vous ne risquez maintenant plus rien.

Cette phrase ne tranquillisa pas vraiment Khrayn, qui s'était retourné, pour ainsi présenter son dos à Koss'Mos et à l'expert médical. Il ne savait toujours guère pour quelles raisons il était cloué à ce lit et pourquoi il ne risquait maintenant plus rien. Le dernier souvenir qui errait dans son esprit remontait au moment où le Quarien fermait les fenêtres pop-up projetées par son omni-tech. Il se souvenait également qu'il se sentait étourdi, presque assommé. Le garde du corps se retourna pour la seconde fois, et sollicita des explications au médecin, qui semblait être exaspéré :

- Mais qu'est-c'que j'fous ici moi?

- Vous avez été empoisonné. L'une des boissons que vous avez bue à l'Électron libre contenait une substance pas bonne pour la santé. Heureusement que votre ami a réagi vite-vite, sinon... disons que vous auriez été au paradis des Drells.

On aurait dit que le spécialiste médical parlait à un enfant. Pour expliquer ce qu'il s'était passé, il avait utilisé un vocabulaire si restreint et il avait même utilisé un euphémisme pour rendre la situation moins dramatique. Le garde du corps avait largement passé l'âge pour ces métaphores. Khrayn fut presque insulté par cela, mais il n'en porta pas attention plus longuement. Malgré une migraine qui s'emparait de son crâne, son orgueil lui permit de se relever difficilement. Il fit quelques pas vers l'avant, puis vers l'arrière, dans l'unique but de se dégourdir un peu, et chemina vers la porte. Il apostropha le Quarien, qui paraissait observer la scène avec admiration :

- Allez viens. On va aller voir l'foutu barman qui m'a refilé c'foutu poison. C'doit être le Turien. Il va tell'ment regretter son foutu geste.

Il ne regarda même pas Koss'Mos une seconde de plus et se dirigea immédiatement vers l'Électron libre. Une fois entré à l'intérieur du night-club, il scruta les horizons pendant quelques instants. Tout semblait ne pas avoir changé du tout. Les mêmes individus dansaient aux mêmes endroits, les mêmes buvards étaient assis sur les mêmes sièges et les mêmes danseuses effectuaient les mêmes chorégraphies endiablées pour séduire les mêmes mâles en chaleur. Et au loin, il y avait le même barman qui avait apparemment servi le venin à Khrayn. Il s'avança donc vers le Turien.

Une fois arrivé, il s'assit aléatoirement sur un siège près du comptoir et entendit patiemment que le barman s'approche. Après une minute d'atroce attente, le Turien, de sa voix monotone, demanda au garde du corps ce qu'il désirait, sans jamais croiser son regard. Se fut au moment où il revint avec le bock rempli qu'il aperçut Khrayn. Rapidement, son visage sembla blêmir et il se mit à rire anxieusement. Il était complètement mal à l'aise face à la venue du Drell. Il tenta de fuir mais dans un geste puissant, le garde du corps empoigna fermement le bras du barman et le tira d'un coup sec. En articulant bien chaque mot, Khrayn demanda :

- Est-ce que c'est toi qui a mis ce poison dans mon verre?

- Eeh, je... J'veux dire que... Eh...

- Malheureusement; mauvaise réponse.

De toutes ses forces, il projeta violemment le Turien sur le sol. Il lui donna plusieurs coups de pieds dans les côtes jusqu'à ce que le barman se confesse. Il avoua tout son crime et se mit à geindre de douleur. Il semblait souffrir effroyablement le pauvre, mais il avait eu ce qu’il méritait. Les services de sécurité parvinrent rapidement aux côtés de Khrayn, qui avait arrêté de marteler son émule. Avant que les bouncers ne puissent dire quelque chose, le garde du corps demanda d'un ton amusé au barman :

- Allez, dis gentiment aux messieurs ce que tu as fait.

Le Turien ne répondit pas. Il redoubla plutôt ses gémissements de souffrance. Khrayn s'accroupit, et lui murmura une ou deux phrases dans l'oreille. Ces phrases devaient être très persuasives, car aussitôt, le barman arrêta complètement ses jérémiades, se mit à genou et affirma :

- Je... j'ai mis du poison dans son verre.

- Bravo! J'savais qu'on s'comprendrait!

Les agents de sécurité remercièrent brièvement Khrayn. Puis, ce dernier se dirigea vers la sortie, toujours accompagné du Quarien. Il l'interloqua, avant de s'écrouler sur l'un des tabourets d'une table qui se trouvait à quelques pas d'eux :

- Hum, désolé du contre-temps. Ces Turiens, tous des racistes. Maint'nant, si t'es prêt, on peut aller à Oméga pour régler c't'affaire de sable rouge, ça t'va?

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