Les journée au Centre étaient caractérisées par une certaine monotonie dans leur déroulement. Levé à heure fixe, entrainements physiques, évaluations intellectuelles, coucher. Le bon coté était qu'autant mes ''sœurs'' que moi étions tellement occupée que nous ne voyons pas le temps passer. Mais à coté de cela, il y avait une certaine évidence, celle que l'on ne voulait pas que nous nous posions pour méditer sur notre condition. Nous avions des objectifs à la journée, avec un prix à la clef qui pouvait entrainer une compétition féroce entre nous quand il s'agissait d'une victime. J'avais remarqué à ce propos que notre faim revenait de plus en plus souvent.
Étonnement peut-être, ils ne nous envoyaient pas lorsque celle ci nous dévorait le plus cruellement. Les missions n'arrivaient pas à intervalles fixes, loin de là de toute manière, et les nominations se faisaient ''au mérite'' comme ils aimaient à le dire. Le coordinateur était ce même galarien qui avait tué l'une des notre le jour ou notre condition nous fut révélé. Son nom comme celui des autres personnes nous était inconnu. Nous devions les appeler monsieur ou madame, et nous exprimer avec la plus extrême déférence. Nous étions les seules à avoir un nom en ce lieu, mais avoir un nom signifiait n'avoir aucune valeur en temps que personne, comme dans ces vieilles légendes humaines, où connaître le nom d'une personne donnait un contrôle presque magique sur celle-ci. Cela empêchait aussi, et il me fallut du temps pour le comprendre, les employés de s'attacher émotionnellement à nous. D'ailleurs on a vu certains d'entre eux ne plus jamais revenir après avoir témoigner un tant soit peu de respect. Non pas que cela arrivait souvent, les trois quarts du personnel faisait les plus grands des efforts pour rester à minimum trois mètres de nous.
Ce jour là, quand on vint me voir pour me donner cette mission, nous étions en plein entrainement. Là encore, nous étions en compétition. J'observais du coin de l'œil mes deux concurrentes. Lamia se déplaçait avec une précision d'horloger. C'était la bonne élève, celle qui excellait en tout. Mais au delà de cela, c'était celle qui acceptait notre condition le mieux. Pour être honnête, elle l'embrassait entièrement. Elle aimait être une Ardat-Yakshi, elle aimait le confort qu'apportait la protection du Centre, elle aimait par dessus tout consumer les autres. Elle avait un visage étonnement enfantin, et le sourire facile. Il fallait la connaître pour savoir que c'était un masque que la nature lui avait doté. Elle était … innocemment maléfique en un sens. L'autre s'appelait Noroleth. Elle était …. dérangeante et dérangée. Avec une fascination pour la mort, et une violence qui semblait suppurer d'elle en permanence comme un pus épais et nauséabond. Elle ressemblait plus à un oiseau de proie, avec un regard fixe et un sourire au lèvres qui dérangeait plus que charmait, et d'un point de vue capacité physique, elle était loin au dessus de nous. Le pire c'est que ce fut une enfant douce et agréable. Je suppose que la révélation que fut notre première victime nous a toutes changé d'une manière ou d'une autre.
Une humaine vint nous interrompre dans nos activité. Elle s'arrêta à une dizaine de mètre de nous,
visiblement peu encline à s'approcher plus. Elle pointa un doigt vers moi
"Toi là ! Suis moi !"J'inclinais légèrement la tête pour toute réponse. Elle haussa un sourcil, l'œil froid, ponctuant avec un raclement de gorge.
"Oui madame."Sans un mot elle me conduisit au coordinateur, qui trônait derrière un bureau massif. Le galarien ne leva même pas la tête à mon approche, occupé qu'il était à remplir des formulaires. Ses paroles furent données sur un ton sec et concis.
"Une mission sur Zesmeni. Tu pars maintenant. Il daigna jeter un bref regard.
Après une douche. Maintenant dehors !"Ma chambre, ou plutôt ma cellule, était à l'image des autres, vide, dénuée de toute décoration. On avait droit au stricte nécessaire et puis c'est tout. J'avais parfois des souvenirs douloureux de ma chambre telle qu'elle était lors de mon enfance. Remplie de dessins surtout. Pourquoi nous habituer à avoir des choses pour nous en dépouiller après ? J'enfilais ma tenue, prenait ma mitraillette, et me dirigeais vers mon vaisseau. Peu après le décollage, la verrière teintée d'obscurcie, me laissant aveugle quant a savoir sur quel monde le Centre était. Je me préparais à dormir, mieux valais être prête le moment venu.
***
La verrière d'éclaircie enfin. Je me trouvais devant une planète avec une couleur bleu sombre, qui selon les données du vaisseau possédait une atmosphère pleine de méthane et d'ammoniac, et des exploitation minières en tout et pour tout. Mon Omni-Tool émit un son caractéristique. Ma cible allait être révélée. Je l'activais avec un mélange d'appréhension et d'excitation.
Votre cible est Calliope L'lia, asari. Elle se cacherai dans une des mines de Zesmeni. Agissez avec une extrême précaution !
Je ne pu que lever un sourcil étonné. C'était la première fois que je voyais le mot extrême et précaution cote à cote. Cela équivalait à comparer Calliope à une bête féroce et incroyablement maligne. Le contrôle du vaisseau passa en manuel, et je plongeais dans l'atmosphère de la planète. Les nuages de méthane et d'ammoniac donnaient une coloration verte avec des reflets roses. Pendant un instant j'oubliais la mission, buvant les couleurs magnifique que prenait ce ciel empoisonné. Avec tout mes systèmes furtifs enclenchés, je me posais à une cinquantaine de mètres de la mine qui était à moitié enfoncé dans un contre fort rocheux. Le casque sur la tête je m'approchais du site. L'entrée du site se limitait à une unique porte. À coté un puits creusé visiblement par des machines s'enfonçait en diagonal dans le sol. Passer par la porte sans se faire repérer me semblait pour le moins impossible. D'un pas décidé je m'enfonçait dans le puit artificiel.
"Faut juste espérer qu'il y ai un conduit de maintenance accessible …."La lumière était tout juste suffisante, permettant de deviner le chemin, ainsi que des robots d'excavation qui parsemaient ça et là le tunnel. Je ne cessai de m'enfoncer, et je n trouvais rien. J'étais à deux doigts de rebrousser chemin quand finalement un sas de sécurité apparu sur ma droite. Je poussais un grognement de dépit devant le système de sécurité qui était loiiiin de mes compétences. Je me retrouvais donc à faire le pied de grue, collée dans un coin d'ombre à deux pas du sas. Au bout d'une heure, celui-ci s'ouvrit. Une personne, asari ou, qui sait, humaine, en sorti. Je lui sautait dessus avant que le sas ne se referme, l'emportant à l'intérieur avec moi. La porte se referma et le système de décompression se mis en marche. Lorsque le signal de fin retentis, j'arrachais le casque de mon nouvel otage, révélant une asari.
"Calliope L'lia. Où est-elle ?"La pauvre était terrifiée. À raison. Je me laissais envahir par mes pouvoir biotique, si bien qu'en ce moment je tenais plus de l'escadron de la mort luminescent que d'autre chose
"Vous allez me tuer ?"À quoi bon mentir ?
"Oui. Le fait de répondre comme il faut changera juste la manière que tu auras de quitter ce monde."Je la laissais cogiter un instant. Puis avec des larmes aux yeux, elle me répondit. D'un mouvement rapide je lui brisais la nuque, et me remis en mouvement après avoir balancé le corps au loin dans le tunnel avec une impulsion biotique. La mine en elle même était spacieuse et bien éclairé. L'équipe de minage semblait relativement petite, surtout composée de mécaniciennes et d'employées lambda. Aussi il me fut relativement facile de les éviter sur mon chemin vers ma victime, malgré le peu de recoin où je pouvais me cacher. J'arrivais devant l'endroit où était sensé se trouver Calliope, avec seule une porte nous séparant. J'en activais le mécanisme et me propulsait à l'intérieur, mitraillette à la main, toutes capacités biotiques prête à être utilisées. Loin de me trouver sous un feu nourri ou une attaque biotique puissante comme je le craignais, je découvrit à la place une asari assise confortablement, un verre à la main et en tenue de civile. Elle avait un visage digne, avec des trait délicat. Quelques tatouages simple sur son visage, disséminés avec comme soucis la mise en valeur de ses traits les plus marquant, ses yeux. Ceux-ci étaient sombres, presque noir, et brillaient d'une intelligence vive. Elle n'avait pas peur de moi, je le voyais bien et le sourire à la fois sardonique et amusé que je voyais s'épanouir sur son visage ne me disait rien qui vaille.
"Calliope L'lia."Ce n'était même pas une question. Plus la confirmation que je lui faisais que je venais pour elle.